Les Ô troubles

Les Ô troubles

Rosenheim Céline, Hiver noir, aux éditions Flammèche, Octobre 2014

        "Voilà longtemps que Mélisande rêvait de découvrir les vastes paysages glacés d’Islande. Accompagnée de Liv, sa meilleure amie, l’étudiante espère que ce voyage lui permettra de panser les blessures laissées par ses récents échecs.

Mais le destin ne semble pas vouloir lui accorder de répit. Dehors, la terre tremble tandis que des cendres noires viennent couvrir la lande. Le caractère de Liv change brusquement, sans raison apparente, et Mélisande s’inquiète. Qui est cette jeune femme qu’elle seule semble voir ? Peuvent-elles vraiment faire confiance à Ármann, ce jeune homme qui leur offre l’hospitalité ?

Troublée, déboussolée, Mélisande cherche un bref soulagement dans les antidépresseurs. Elle ne sait plus ce qu’elle doit faire ni ce qu’elle doit croire. Car comment savoir où s’arrête la réalité et où commence la folie ? "(4e de couverture, Éditions Flammèche)

 

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« Est-ce qu’être sombre signifie forcément être mauvais ? »

 

        Enfin, voici venu le temps de vous parler de cet Hiver Noir, un voyage bref, mais intense, au cœur glacé d’une Islande magique et sombre.

 

        L’histoire démarre vite, très vite. À peine a-t-on le temps de rencontrer Mélisande, jeune étudiante à la fragilité séduisante, que nous embarquons à destination d’une terre de volcans et de légendes. Malgré ce rythme, le lecteur saisit la force et les faiblesses de celle que nous allons suivre : on ne peut qu’être réceptif à la sensibilité du personnage, qui donnera au scénario toute sa perspective. Son amie Liv, dans un premier temps juste ébauchée, se dévoilera au fil de la lecture, et ce point enrichit l’histoire d’un inattendu captivant.

 

        Dès l’arrivée à l’aéroport, n’importe quel lecteur qui se plait à voyager ressentira l’air frais, l’excitant vent de l’inconnu, et imaginera sans mal le plaisir des deux amies. La terre impétueuse qui les accueille, et dont a toujours rêvé Mélisande, donne une force au récit, une certaine splendeur pour qui jouera le jeu. Pourtant, l’histoire ne s’abime d’aucun détail superflu. C’est par une brièveté maitrisée que l’auteur nous transmet un ressenti auquel je fus honnêtement sensible.  

 

        Le voyage, vous l’avez sans doute deviné, ne va pas se dérouler comme prévu. Très vite, en tirant des ficelles à la fois simples et efficaces, l’auteur stoppe l’itinéraire de ses protagonistes au cœur des terres volcaniques. Les deux jeunes filles vont accepter une hospitalité surprenante et, en ce qui me concerne, immédiatement douteuse, voire angoissante. Entre en scène un nouveau personnage, Ármann, façonné à l’image des terres qu’il habite. Je m’arrête là pour éviter tout spoile, mais ce trio ne vous autorisera jamais à abandonner votre lecture !

 

« Vous enfermez votre part de noirceur dans une boîte comme vous enfermez les malades dans les prisons ou les asiles. Sauf qu’elle trouvera le chemin de la sortie, plus la boîte est étouffante, plus grande est la volonté d’en sortir » (p.91)

 

        Ce qui gronde au creux des reliefs insulaires n’épargnera personne… Rapidement, les premiers éléments fantastiques viennent confirmer au lecteur qu’on est bien loin du tour opérateur lambda, ou du simple retard sur le circuit. L’auteur joue sur différents registres : beauté de la nature, mystères ancestraux, et cavale bien réelle. La magie est belle, les images simples et expressives, les faits crus et saccadés. Vous quitterez les routes tracées d’avance, et quand viendra l’Hiver noir, vous comprendrez où l’auteur vous conduit…

Non, je ne vous dirai pas un mot de plus sur l’histoire, ce serait tout gâcher !

 

        Si je devais citer le point « faible » de ce récit ? Et bien, je vous dirais tout simplement qu’il est créé par les points forts. Eh oui, on a envie d’en savoir plus, d’en voir plus, d’en connaitre plus ! C’est le lot de tous les récits qui nous plaisent n'est-ce pas ? Alors, lorsqu’ils sont courts, vous pensez !

 

        Ainsi, c’est une aventure brève et puissante, que Céline Rosenheim nous sert dans un décor grandiose et magique. Je ne regrette pas de l’avoir vécue, et j’attends la prochaine de pied ferme.

 

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24/05/2015
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