Les Ô troubles

Les Ô troubles

Délivre-nous du Mal (Deliver us from Evil), de Scott Derrickson, Etats-Unis, Septembre 2014.

6/10       

 

        La violence et la noirceur, le sergent Ralph Sarchie connaît bien. Flic dans le Bronx, il est chaque jour témoin du pire de la nature humaine. Ce qu’il endure a même fini par affecter sa relation avec sa femme, Jen, et leur petite fille, Christina. Pourtant, rien ne l’avait préparé à l’affaire que lui et son partenaire Butler vont découvrir. Dépassé, Sarchie va devoir s’allier à un prêtre renégat dont la foi a souvent vacillé, qui tente de le convaincre que les horribles événements qui se multiplient sont liés à des possessions démoniaques… Ensemble, le policier et le prêtre accumulent les preuves que le Mal est à l’œuvre, et Sarchie est forcé de remettre en cause tout ce en quoi il a toujours cru pour combattre les puissances occultes qui menacent la ville et sa famille…

 

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        Eh oui, vous l’avez peut-être remarqué, cela fait un certain temps que je n’ai pas donné mon avis sur un film. Je crois que l’explication se trouve tout simplement dans le fait que j’en regarde trop et que je suis trop souvent déçue. J’ai de plus en plus de mal à retrouver de bonnes sensations, de réelles nouveautés… Par exemple :

 

        Délivre-nous du Mal, ou un nouveau (énième) film de possession. En ce moment, les âmes sont légion à choir sous l’emprise du Diable ou de ses démons selon un rituel qui semble gravé dans le marbre. À tel point que j’ai eu bien du mal à me décider face au film. Une fois de plus, on nous certifie que l’histoire est tirée de faits réels, ce qui me laisse un peu sceptique (j’y vois davantage un « plus » marketing). Intervient ensuite le fait que le réalisateur a déjà fait ses « preuves » avec des films tels que L’exorcisme d’Emily Rose (2005) et Sinister (2012). Bien que je garde un plutôt bon souvenir du premier, le second ne m’a pas vraiment convaincue (cf. http://lesotroubles.blog4ever.net/sinister-un-film-de-scott-derrickson ). Ceci étant, il n’en reste pas moins vrai que la lecture du synopsis a piqué ma curiosité puisqu’il est question, dans un premier temps, de phénomènes urbains inquiétants. Y aurait-il enfin du nouveau dans le domaine du film d’exorcisme ?

 

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        Dès les premières images, on constate tristement qu’une fois de plus, le Mal vient d’ailleurs, et plus précisément ici, d’Irak (2010). Je trouve ce point quelque peu dommage, simpliste et déjà vu (ne serait-ce que dans le classique des classiques du genre…). Les plus volontaires y verront peut-être l’idée que ce choix symbolise le Mal de la guerre qui ravage corps et âme… ?

 

        Passée cette scène d’introduction, on revient aux États-Unis, en plein Bronx. Là, je dois l’avouer, la première partie du film présente l’avantage de ne pas évoquer la possession immédiatement. Sans avoir lu le synopsis, on croirait volontiers à toute autre chose. Oscillant entre obscurité et pénombre, les débuts pluvieux construisent lentement, mais clairement, l’intrigue. On hésite entre scepticisme, folie ou drogue, dans une ambiance urbaine poisseuse et nocturne. Certains évènements ont même le mérite d’être surprenants /spoile/ comme cette femme qui jette son bébé aux tigres, devant caméras /fin du spoile/ C’est un aspect que j’ai trouvé appréciable, et qui tranche un peu avec l’évolution habituelle des films de possession. On suit donc une enquête, avec une logique qui se veut dans un premier temps policière, et qui n’est alors axée sur aucun personnage précis. C’est une nuance intéressante puisque la police est régulièrement exclue des cas de possession, dommage que ce point ne soit pas exploité davantage. En grand fan des Doors, Derrickson n’hésite pas à placer quelques refrains au détour de son histoire, ce qui est plutôt un bon point, mais qui une fois encore ne donnera rien de concret.

 

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        Dans ce contexte se dessinent rapidement les personnages, qui nous apparaissent bientôt dans toute leur « splendeur » : le flic sceptique et le wonder prêtre, ou le cliché du cliché. À ce moment précis, tout dépend de l’état d’esprit dans lequel vous êtes : soit vous voulez juste revoir ce que vous avez déjà vu avec quelques variantes, soit…vous êtes blasés ! Pour ma part, j’ai voulu rester bon public, donc j’y ai mis un peu de bonne volonté. Avec un œil positif, on constate que les lieux visités, le rythme et les rebondissements ont le mérite de créer une ambiance anxiogène qui pourrait presque fonctionner. Ambiance qui doit aussi beaucoup à la musique de Christopher Young et aux choix de la réalisation qui ne nous éloigne jamais des protagonistes. L’évolution de l’enquête offre aussi quelques petits sursauts, mais qui sont, malheureusement, le plus souvent prévisibles.

 

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        Enfin arrive la scène inévitable de ce genre de film : l’exorcisme. Une fois de plus, rien de nouveau : insultes, langues étrangères, force décuplée... Ceci étant, je tiens tout de même à souligner le visuel qui se veut plutôt soigné. Les maquillages, inspirés de véritables scarifications auto-infligées, créent un esthétisme plaisant et dérangeant. Mais le lieu où se déroule la scène la rend un peu improbable, personne ne les dérange alors qu’ils sont au cœur d’un commissariat et qu’ils font un tapage ahurissant ?

 

        Ainsi, Délivre-nous du mal n’est pas sans offrir quelques bons moments, mais son manque d’originalité et ses topoï parfois mal utilisés auront vite fait de vous lasser…vous verrez qu’on a même droit au magnifique ralenti de la happy end….

Ceci dit, les adeptes de classiques peu recherchés y trouveront leur compte, et j’ajoute aussi qu’un avis ne fait pas l’autre et que ce film a sans doute un public qui peut se justifier !

 

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16/11/2014
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